Témoignage de Robert au Congo
Témoignage de Robert au Congo
Robert, artisan retraité aimant travailler de ses dix doigts a décidé de donner de son temps à un projet ayant besoin de compétences particulières. Ayant entendu parler de nos besoins urgents (rénovation de la maison et construction d’un enclos de réhabilitation pour primates), il a tout simplement opté pour un séjour d’un mois afin d’agir pour une bonne cause et se rendre utile.
- En route pour le Congo
La préparation a été longue avant le départ, car Robert n’était jamais parti si loin et si longtemps, ni dans un cadre associatif. Après de nombreux conseils, le voilà avec ses vaccins et son billet d’avion en poche. Direction Kinshasa ! A l’arrivée, l’équipe P-WAC composée de notre chef de projet et de Papa Bernard, notre chauffeur, l’attendait de pied ferme aux vues de la quantité de travail à réaliser en un temps record !
- Découverte de Kinshasa et du pays
Après un passage éclair chez Karl Ehlerding, un ami du projet à Kinshasa pour récupérer des dons matériels (meubles, équipement de maison, écran de projection qui servira à nos animations sensibilisation) et une brève découverte nocturne de Kinshasa, Robert prend enfin la route pour la forêt, et le dépaysement est total !
« Quand on n’est pas habitué, le chemin est assez difficile. On parcourt 400 Km en pratiquement 8 heures de route, notamment du fait des « roulages » (les contrôles de police routière) qui régulièrement nous arrêtent pour contrôler les papiers du véhicule ainsi que les passeports (au cas où la douane n’aurait pas fait son travail à l’arrivée sur le sol congolais…). Une fois arrivé à Matadi, il reste encore 2 heures de piste en 4X4 et j’arrive enfin dans la forêt tropicale ! Ouf ! Pour une première, c’est impressionnant. Et le changement de décor est épatant : les paysages sont magnifiques. La forêt est d’une beauté rare. Quelle tranquillité ! ».
- Début des travaux
Après une bonne nuit de sommeil le travail débute tôt le lendemain matin : Visite du site et des travaux en cours, rencontre avec l’équipe locale, inventaire des stocks de matériel de construction…. « J’ai été scotché de voir cette réalité de terrain. Gérer un tel projet est colossal ! Il faut avoir l’âme d’un chef d’entreprise pour réaliser cela, et je n’en avais pas conscience avant d’arriver sur place. Quand on voit les conditions de travail sur place, la qualité de matériel disponible, la différence de termes techniques du matériel disponible, ce n’est pas à la portée de tous de se lancer dans cette réalisation. Il faut vraiment être passionné pour réaliser ce travail (si si, c’en est un !)»
Robert a débuté sa mission par la reprise des portes et des serrures de la maison qui ne fermaient pas correctement. Difficile de vivre dans une maison dans laquelle on ne peut pas entrer ni sortir aisément! Avec les travailleurs locaux, ils ont repris toutes les portes externes qui étaient voilées.
- Et la lumière fut !
Robert et Tito ont réalisé des ouvertures supplémentaires (fenêtres et aérations) dans la maison qui n’en avait pas suffisamment: à présent, l’air circule, l’humidité diminue et surtout on peut travailler dans la maison sans lampe en plein jour!

Création d’une fenêtre dans le bureau. Robert forme Tito à l’utilisation de la perceuse !

Mise en place du cadre de la fenêtre
Ensuite, une cloison est montée pour créer un espace sanitaire relié à une citerne d’eau fixée près de la toiture.

Cloison montée par Noble

Installation de la douche italienne !
Les constructeurs locaux ont quant à eux mis en place un système d’évacuation des eaux usées très astucieux.

Création des deux premiers bacs pour évacuer les eaux usées.

Installation du filtre entre les deux bacs

Création du troisième trou, pour évacuer les mauvaises odeurs

Enfin, fermeture du système…

… et son coffrage
Une fois sur place, autant vérifier l’intégralité des travaux réalisés. Robert s’est attaqué aux jonctions du système d’eau qui n’étaient pas fixées correctement de partout puis a ensuite visité l’enclos de réhabilitation. Une grande réunion avec l’équipe locale a permis de rétablir et d’éviter de nombreuses erreurs pour la fin des travaux. Les constructeurs locaux ont été ravis de ces échanges.
- Rencontre avec les singes
« Au-delà du travail sur place, j’ai bien entendu rencontré les singes. Ces petits êtres qui vous regardent avec leurs petits yeux ronds. Leur regard est tellement fort ! Ils n’ont même pas besoin de mot pour se faire comprendre. Pour moi c’était une grande première. Je connaissais les membres de l’équipe P-WAC depuis un moment et je les entendais parler des singes… mais de les approcher moi-même en vrai a donné une autre dimension à tout ce que j’avais entendu jusqu’alors. Quand vous les regarder, vous vous voyez dans un miroir ! Et vous vous posez quelques questions sur vous ! »
L’acclimatation pour Robert s’est faite petit à petit…Malembe malembe comme on dit ici. « Vivre en forêt révèle des moments difficiles. Se laver au seau à l’eau de source, découvrir la joie des latrines (toilettes) à 100 mètres du camp, vivre sans eau courante, sans électricité, au milieu d’insectes en tout genre… Heureusement, les moments magiques vous incitent à rester : observer et parcourir la forêt avec les singes, rencontrer une autre culture et travailler main dans la main avec les ouvriers congolais qui n’ont pas la vie facile. Vivre et manger avec eux, en communauté permet d’apprendre beaucoup. On redécouvre la vie simple que l’on a oubliée chez nous. Lors des rénovations de la maison et lors du lancement de la construction de l’enclos de réhabilitation, j’ai pu montrer aux travailleurs ce que je savais, et je leur ai apporté mon savoir-faire. Mais j’en ai appris tout autant ! Ici, rien ne se gaspille ! Il n’y a pas le confort de chez nous. Les gens d’ici font avec le minimum, et malgré les temps difficiles, ils gardent l’espoir et la joie de vivre. Je dirais que cela m’a vraiment touché. Ce n’est pas un voyage touristique que j’ai fait là, mais bien un séjour d’un mois pendant lequel j’ai pu en apprendre plus sur la culture locale. J’aimerais témoigner de cette expérience et expliquer que malgré une forte appréhension à partir en terre inconnue à mon âge, cette aventure de trente jours a été magique grâce à l’accompagnement de l’équipe P-WAC et des échanges avec les locaux. Rien à voir avec notre quotidien confortable et notre facilité à râler pour rien devant notre bon vieux téléviseur avec une bière fraiche à portée de main, avec cette absence de sourire et de convivialité même envers nos voisins ! Ici on redécouvre des valeurs oubliées de solidarité, d’entraide et de vie en communauté. Si vous ne craignez pas l’aventure et que vous avez des compétences à apporter au projet : tentez l’aventure. Vous n’en ressortirez que plus riche. A condition de vous adapter bien entendu ! A présent de retour en France, je reprends doucement le cours de ma vie, mais une chose est sûre, j’y retournerai !»

Robert et les travailleurs locaux